vendredi 18 juin 2010

Courbet Ouest avec notre Gener

Gener, c’est sans doute une des nombreux acronymes qu’on utilise ici et qu’il est difficile de comprendre de votre côté. Le Gener, c’est le VAT Généraliste. Il est ici pour aider à la logistique IPEV (Institut Polaire), particulièrement lors des OP lorsque le Marion-Dufresne est là. Le reste du temps, notamment pendant la période hivernale, le Gener est seul pour remplir ces taches : veiller sur l’état des cabanes, lister les éventuelles réparations à effectuer lors de la prochaine campagne d’été, réaliser l’état des stocks de nourriture des cabanes pour un prochain ravitaillement, organiser les sorties des gens sur le terrain…

Mathieu, notre Gener heureux !

Pierrick sur les monts du Château

C’est donc à cette occasion que Pierrick, Clément et moi sommes allés aider Mathieu à vérifier l’état des cabanes de Val Stüder, Baie Charrier et Rivière du Nord. Tous ces lieux sont situés dans la partie Ouest de la Péninsule Courbet. Contrairement à la partie Est qui est plate et d’origine sédimentaire, l’Ouest est montagneux et Basaltique (roche volcanique). Notre périple nous a d’abord fait passer sur les monts du Château à l’entrée du Val Stüder. Mathieu devait relever des capteurs de poussières et d’eau pour un programme scientifique étudiant la qualité de l’air.

Le Val Stüder lors d'une courte éclaircie

La cascade de Stüder

Après une première nuit dans la cabane de Val Stüder et une petite visite à l’impressionnante cascade, nous voilà en route vers Baie Charrier. Un temps hivernal nous attend pour ce transit. Alternance de quelques courtes éclaircies avec de belles tempêtes de neige ! Certaines rafales parviennent même à nous déséquilibrer lors de la monté au plateau de Sauveterre.

Départ pour Baie Charrier. Clément devant la faille de la cascade de Stüder

Montée vers le plateau de Sauveterre (photo Clément)

Pratique la barbe isolante (photo Clément)

Arrivée sur le plateau de Sauveterre et la rivière des Chasseurs. Baie Charrier se rapproche

A la fin du plateau de Sauveterre, la magnifique baie Charrier s’offre enfin à nos yeux. Nous y trouvons une cabane dans un état plutôt moyen. Quelques infiltrations d’eau, des souris qui se sont appropriées les lieux, mais elle offre tout de même un bon coin repos !

Baie Charrier

Manchot Papou

Petit thé pour se réchauffer !

Le lendemain, après une nuit agitée avec des rafales à plus de 150 km/h, nous montons sur le plateau Méjean pour gagner la baie des Cascades et la cabane de la Rivière du Nord sous une belle journée ensoleillée. Une vue magnifique de la côte nord de Courbet nous accueille dans la descente.

Baie des cascades - cabane de la rivière du Nord

Une nuit courte à rivière du nord faute de matelas… Retour à la base via Stüder et le plateau des Tussoks. Merci Gener pour cette manip !

Montée sur le plateau des Tussoks - vue sur le val Stüder

mardi 1 juin 2010

L'aventure II

Le retour de Guillou m’a fait penser de vous parler des déplacements à Ker. Comme vous avez déjà dû vous en rendre compte, ils se font souvent à pied. C’est le cas par exemple des manips qui ont lieu sur toute la péninsule Courbet. Pour vous donnez un ordre d’idée, il y a 24 km pour aller à Ratmanoff depuis PAF en coupant à travers la péninsule, et 40 en passant par la côte.

Par contre, pour toutes les manips se déroulant dans les îles du Golf du Morbihan, l’Aventure 2 et son équipage de choc : Frank, le Bosco et Seb, le mécano, nous y emmènent.

Frank, notre fier Bosco

Seb sourire, notre mécano chaland

La fine équipe à l'œuvre... euh, vous êtes sûr de savoir où on va là !?

Pour vous donner une idée de la taille de l'Aventure II, le voici à côté du Marion lors d'une opération de déchargement de matériels à la dernière OP

Le chaland est un bateau à font plat possédant seulement 1 m. de tirant d’eau. Cela lui permet de pouvoir s’approcher et accoster la terre pour nous y déposer.

Récupération du personnel et matériel à Guillou

Le poste de commande de l'Aventure II

Ses caractéristiques ne lui permettent par contre pas de pouvoir sortir du Golf, sous peine de chavirer à la première grosse vague... A son bord, on fait couramment l’agréable rencontre avec des dauphins de Commerson. Ces petits mammifères marins ne dépassent pas 1,7 m de long et vivent près des côtes de Kerguelen. On en trouve aussi en Patagonie et autour des îles Falkland et de Géorgie du sud.Voici quelques photos :

D’autres espèces de mammifères marins sont observables dans le golf lors de leur migration. Plusieurs groupes d’orques vivent aussi autour de Kerguelen. Ils sont observés de temps en temps dans le golf.

Jusqu’au début des années 2000, un autre bateau, la Curieuse, permettait de réaliser des opérations en dehors du golf, notamment dans les terres de l’Ouest de Kerguelen. Cet ancien bateau de pêche de 25 m. n’est aujourd’hui malheureusement plus en permanence à Ker. Il est revenu uniquement pendant 1 mois en janvier dernier pour répondre à des programmes scientifiques se déroulant loin de la base. On espère la revoir l’été prochain !

La Curieuse lors de son passage en décembre et janvier dernier

Souris city

Un vent à décorner les bœufs, de la neige gelée qui tombe à l’horizontale, la cabane qui tremble, voilà le contexte dans lequel j’écris ces quelques lignes…

Je me trouve cette fois-ci à Guillou, une petite île du Golf située au sud d’Australia et au Nord-Ouest de l’île Longue, en compagnie de Clément (Ecobio) et François (Geophy : en gros notre VAT geek informaticien, naturaliste caché et photographe inspiré). L’objet de notre visite : LES SOURIS ! (rassurez-vous, on ne parlera pas des souris cannibales de Mayès).

De droite à gauche : François (Geophy), Clément (Ecobio) et moi (Photo François)

La cabane de Guillou ! Fief des Ecobios

les toilettes ! parmi les plus beaux de Ker !

Un des occupants des toilettes, comblé !


Levé de lune sur la presqu'île Ronarc'h au loin

Et oui, cette petite bête est arrivée ici clandestinement avec les premiers bateaux, au même titre que les rats. Les moutons, rennes, chats et lapins ont, quant à eux, été introduits volontairement. Les lapins (ou BLO – Bêtes à Longues Oreilles dans le jargon de la marine) ont été introduits par les marins anglais sur de nombreuses îles. Ils avaient pour but de procurer de la viande fraiche à d’éventuels naufragés. Rennes et les mouflons ont été introduits plus tard sur l’île Haute. Les mouflons ont été éradiqués, mais les rennes sont maintenant présents sur la grande terre (et oui, s’était sans compter qu’ils sont bons nageurs !). Les chats ont ensuite été apportés dans les années 50 pour réguler les rats et souris (idem, à croire que personne n’avait prévu qu’ils mangeraient aussi des oiseaux…). Je vous parle là des introductions animales (en oubliant les insectes…), il va sans dire que les végétaux ne sont pas en reste ! A Ker, 22 espèces sont autochtones et 68 introduites ! Pour finir, on pourra préciser que l’introduction d’espèces exotiques dans un milieu est la 2e cause de réduction de la biodiversité après la destruction d’habitats…

Finition du cairn de Guillou. Notez le souci du détail (Photo de François)

Après cette brève sur les introductions d’espèces, revenons-en à nos souris ! Le but de la manip était de quantifier la densité de souris en les piégeant pendant 5 jours sur des sites références comme Guillou. Cette densité peut ensuite être mise en relation avec des données climatiques. Des prélèvements de tube digestif ont aussi été réalisés pour vérifier la présence de parasite. Sur cette période, nous avons capturé 120 souris. Parallèlement sur l’île Cochon, Lise, Pierrick et Mathieu (Gener) en ont eu 197 ! Bref, la communauté des souris kerguelénienne à encore de beaux jours devant elle !


Capture des souris

En pleine dissection

François a appris à faire du pain entre 2 dissections

Vue sur le Mont Ross (point culminant de Ker : 1850 m.)