dimanche 16 janvier 2011

Périple sur le massif Gallieni

Tout d’abord, je vous souhaite à tous et toutes une très bonne nouvelle année ! Merci aussi à tous ceux qui m’ont envoyé leurs vœux !

Mon voyage ici touche presque à sa fin. Plus que 2 mois avant l’OP1 de mi-mars. Avec la campagne d’été, l’arrivée de Kévin et Thomas nos remplaçants, nous ne chaumons pas ! Ceci explique mes messages moins nombreux ! Désolé !
Pour finir notre hivernage, Pierrick et moi souhaitions faire une petite manip « loisir » afin de découvrir une autre partie de Kerguelen qu’il ne nous est pas donné de connaitre dans le cadre professionnel. Nous avons eu la chance de partir randonner pendant une semaine sur le Massif Gallieni. Il se situe au sud de l’île, sous le plateau central. C’est le massif qui héberge le point culminant de Kerguelen : le Mont Ross et ses 1850m d’altitude. Bien entendu, pas question de gravir cette montagne réservée aux alpinistes chevronnés. Elle n’a d’ailleurs été gravie que deux fois, la première dans les années 70, et la seconde en 2002. L’altitude peut semblée faible pour une « référence » métropolitaine, mais les conditions insulaires et climatiques du subantarctique en font une montagne bien plus difficile à gravir qu’un 4000m Alpin !

Jean-Baptiste, le nouveau médecin de la 61e mission nous a accompagné pendant cette semaine. Voici un petit récit de notre périple :

7 janvier :
Grosse journée de chaland. Denis et Gilles, respectivement Bosco et Mécano de l’Aventure II, nous mène au travers du Golfe du Morbihan pour déposer ou récupérer toutes les personnes dans les îles. En milieu d’après-midi, nous sommes déposés à Armor, au sud-est du Golfe. Le temps est froid pour la saison, et la neige tombe par averse. Nous prenons directement le chemin de Puy St Théodule, au nord de la grande vallée de la Clarée et du Massif Gallieni. Nous logerons le soir dans la caverne du Puy.

Dîner aux chandelles et frontales dans la caverne de Puy St Théodule

Espace étroit où on ne peut vivre que plié en 2 en gardant son bonnet pour éviter les accrocs de la voute ! "Ploc, Ploc" ,quelques gouttes d’eau tombent sur nos duvets lorsque nous nous apprêtons à dormir après un rapide repas. Demain, grosse journée ! Nous irons de l’autre côté du massif, à Baie Larose…

8 janvier :
6 heures, le vent souffle à 30 nœuds, et des fronts neigeux passent régulièrement. On rassemble notre courage pour partir… Sur le fait, et surtout dans ces conditions, on se demande ce qu’on fiche là ! Mais bon, 5 minutes après être partis, nous arrivons sur la rive gauche de la Clarée. Pas moyen de la traversée en gardant les pieds au sec… une seule solution, traverser sans chaussure ni pantalon !
La nouvelle collection été de Kerguelen (photo JB)

Bon, nous avions tout de même emprunté des chaussons néoprènes aux marins…On était tellement bien chaussé que nous avons même marché comme ça jusqu’à la rivière des Galets.
Une fois les 2 grosses rivières traversées, nous longeons la rivière des Galets vers le Val Senestre

Nous ne nous sommes rhabillés qu’une fois cette dernière traversée. Nous avons ensuite contourné le Mont Grandidier par le nord puis cap au sud-ouest par le Val Senestre (mince, le vent vient justement du sud-Ouest !). Les fronts neigeux se succèdent, et nous pataugeons dans les souilles du Val Senestre en direction de la Table de Boisguehenneuc.
La table de Boisguehenneuc (photo JB)

Il nous faut passer par le sud de cette imposante table, par le col de la Déserte, pour atteindre la plaine de Dante et Baie Larose. Le spectacle est alors superbe. Nous apercevons au loin vers l’ouest, la Péninsule Rallier du Baty, au nord-ouest, le Fjord Larose devant la Grande Barrière.
Arrivée sur Baie Larose. En arrière plan, Rallier du Baty

Vue sur le nord du Fjord Larose, et la Grande Barrière

Ce paysage montagneux nous donne d’impression à Pierrick et moi de ne pas être sur la même île ! Après 11 heures de marche, nous arrivons à Baie Larose, vallée splendide ou nous retrouvons des manchots royaux et des éléphants de mer en mues. Nous aperçevons aussi au sud, le fameux doigt de St Anne…pour demain, d’abord dodo !
La vallée de Baie Larose (Aceana en fleur)

Le doigt de St Anne

Le peigne

Cascade de Baie Larose

9 janvier :
Impossible de venir à Baie Larose sans profiter d’au minimum une journée sur place. Une bonne heure est nécessaire pour rejoindre le doigt de St Anne et découvrir la colonie de Manchot royal (env. 30000 couples) nichée sur le côté sud de son pied. Spectacle superbe que d’observer cette colonie d’un point haut !
La colonie de manchots de Baie Larose

Un tronc d'arbre sur la plage...d'où vient-il ?

Petit souvenir de notre passage !

Malheureusement, le Ross reste dans les nuages, et les grains continuent de passer. Nous essayons quand même de convaincre JB que de temps en temps, enfin normalement, bref ça arrive qu’il y ait de très belle journée à Ker…


10 janvier :
On remet les sacs à dos de 25kg sur dos, et nous quittons cet endroit fabuleux pour revenir vers l’est dans la vallée Olsen. La route nous refait passer par le col de la déserte, mais cette fois nous obliquons vers l’est pour passer au sud du Grandidier. Les grains de neiges sont moins nombreux et la température remonte un peu, nous passons dans un flux d’ouest. La nuit en tente sera moins fraiche !
Bivouac en vallée Olsen

11 janvier :
Ah !! Enfin, et malgré une couverture nuageuse toujours présente, les Ross se dégagent ! Le vent dans la vallée n’est pas trop fort, nous décidons de monter sur la Pyramide Branca (905m). 3 heures après, nous voici en haut, température en dessous de 0°C, et un vent à décorner les Rennes ! La vue est tout de même imprenable sur le massif, le golfe du Morbihan et la Baie des Swains (à l’est). Nous passons une bonne heure au sommet, juste assez de temps pour pas se transformer en glaçon, et nous redescendons vers le campement.
Au sommet de la Pyramide Branca

La massif des Ross (grand et petit)

Les prévisions météo données à la Vacation radio du soir nous annoncent une tempête dans la nuit et la matinée avec des vents à 50 nœuds…On se replie donc dans le caverne de St Théodule au lieu d’aller camper au pied du Piton Central, sur le site de bivouac du GMHM (Groupement Militaire de Haute Montagne) lorsqu’ils ont fait l’ascension des Ross en 2002.
Petit moment d'observation de la flore dans la vallée Olsen, ici du Blechnum
(fougère autochtone des TAAF)

Nuage de mousses

12 janvier :
Bon en fait, la tempête n’a pas vraiment eu lieu. Le vent est tout de même assez fort. Nous prenons la route d’Armor, tout en faisant un créneau au Volcan du Diable (315m). Terre noire, roche volcanique, et point de vue superbe du le golfe du Morbihan. Nous redécouvrons d’en haut, les îles que l’on a tant vu au ras de l’eau pendant plus d’un an d’hivernage…sympa !
Sommet du volcan du Diable. En arrière plan, le Golf du Morbihan

Lac d'Armor et volcan du Diable sous un meilleur jour, le lendemain

A Armor, nous retrouvons une équipe Ecobio : Mathieu (Popmouche ou Mouchecaca pour les intimes) est thésard à l’INRA de Rennes. Il travaille sur les espèces d’insectes introduits à Kerguelen. Françoise, la nouvelle VAT Ecobio de la 61e. Et Pascal, Technicien Telecom au BCR. Soirée fort sympathique même si les carabes crus ou cuits au beurre, c’est pas top Mathieu !

13 janvier :
Pascal est récupéré par le chaland, JB aussi doit nous quitter car une urgence l’appelle sur base. Pierrick et moi accompagnons Mathieu et Françoise vers Bossière pour réaliser des prélèvements de Merisodius (Carabe introduit). La cabane Bossière se situe au Nord d’Armor, toujours sur la grande terre, le long du Fjord Henri Bossière. La journée est splendide et le paysage, typique du plateau central.
Pascal, maître du Barbecue !

Paysage typique du plateau central

Mathieu et Françoise au travail : recherche des Mérisodius sous les cailloux

La cabane Bossière et le Fjord Henri Bossière

14 janvier :
Retour à la base d’Armor. J’emploie volontairement le terme base car ce site a été dans les années 80, la 2e base de Kerguelen. C’est à cet endroit que l’élevage de Saumon a été tenté avec succès. L’isolement de Ker n’a cependant pas permis à cet élevage de prospérer. Il reste aujourd’hui des installations vides, qui sont en passes d’être retirées par la Réserve Naturelle des TAAF.
Anciens bassins d'élevage

A 13h, nous entendons le bruit caractéristique de l’Aventure II et la voix de Denis dans la VHF (Talkie-walkie) résonne : « Armor Armor pour l’Aventure….nous arrivons sur vous dans 15 min….tenez vous prêts » Fin du périple, nous rentrons sur base avec des images plein la tête ! Un grand merci à Marc, le Disker de la 61e mission, de nous avoir permis de faire cette manip !

samedi 4 décembre 2010

Le Tour Courbet de la mort !

Chaque année, autour du 15 octobre, les ornithos entreprennent le Tour Courbet Est pour dénombrer les éléphants de mer, les colonies de manchots papou, et baguer les jeunes albatros hurleurs. Pour cette manip, Pierrick et moi nous sommes armés de 2 manipeurs de choques : Mathieu (Gener) et Lise (Ecobio). Le tour se fait bien entendu en plusieurs étapes :

Etape 1 : PAF – Cataractes

Nous partons à 7h00 de PAF, direction Cataractes à travers la péninsule Courbet. Le soleil est au rendez-vous pour cette traversée. Paysage très caillouteux et parfois souilleux. Mathieu en a fait les frais 2 fois... Merci Mat pour ces moments de rigolades intenses !

Ensouillage en règle de Mathieu

Lise

Quasiment pas de vent, du soleil, nous avons trop chaud en marchant et les couches tombent. Rien à compter jusqu’à Cataractes…mis à part les cailloux mais on laisse ça aux géologues !

Arrivées à destination, nous posons les sacs à la cabanes et nous allons chercher les quelques nids d’Albatros côté Anse Betsy.


Etape 2 : Cataractes – Cap Cotter

Levés aux aurores, nos compteurs commencent à crépiter gentiment, et les pinces à baguer servent sérieusement. Pour cette 2nd étape, Mathieu et Pierrick prennent l’intérieur des terres tandis que Lise et moi suivons la côte. Nous nous chargeons donc de compter les éléphants, les papous et baguer les jeunes Albatros proches de la côte. Le plus dur reste de quitter la côte quand le GPS nous indique un nid d’Albatros à plusieurs centaines de mètres dans les terres, et de reprendre nos comptages à l’endroit où nous l’avions quitté ! Tout ceci fait qu’on réalise beaucoup plus de kilomètres que la normale ! Pour une étape comme celle-ci qui en marchant normalement ne prend pas tant de temps que ça, nous arrivons à la nuit, perdus dans le brouillard et l’immensité plate du Nord Courbet. Heureusement que le GPS nous guide !

Jeune albatros hurleur sur son nid (en arrière plan le mont Campbell)

Etape 3 : Cap Cotter – Cap Noir

Une des plus courtes étapes…mais cette fois, Lise et moi avons 65 nids d’Albatros à visiter. Lors du départ de la cabane à 6h00, la pluie tombe à l’horizontale. Courage, il faut y aller !

Pour les Albatros, la technique est simple : on s’approche doucement du rejeton de plus de 10 kg, on passe la main au dessus de sa tête et lorsqu’il ne s’y attend pas (mais vraiment pas…), on attrape son bec redoutable avant d’enlacer son corps d’un bras pour ne pas qu’il ouvre ses immenses ailes ! Lise est d’ailleurs passée maitre dans cet art ! Aucun loupé !

Capture d'un jeune alabtros par Lise...Ne pas oublier de tenir le bec !

Reste plus qu’à lui mettre une belle bague en métal autour de la patte. En gros, c’est comme si on lui donnait des papiers ! Ca lui fait une belle jambe !

Le temps se découvre quelques peu à la mi-journée. Plus agréable pour courir de point en point, surtout quand ces points ne sont pas dans l’ordre (et oui, il a fallu faire demi-tour de temps en temps pour aller chercher un nid), ou que certains nids ont été trouvés à plus de 3 km dans les terres ! Arghh !

Lors d'un baguage, maman et papa étaient près de leur poussin ! Ici maman en gros plan

Etape 4 : Cap Noir – Ratmanoff

AH ! On s’en souvient tous de cette étape. Plusieurs images restent gravées : des colonies de Papous immenses cachées dans la végétation, des plages couvertes d’éléphants de mer à n’en plus pouvoir…et la méthode des doubles compteurs. Les 2 compteurs comptent séparément un groupe et comparent leur nombre. S’il y a plus de 10% de différence, on recommence ! En gros on se demande si tout ça n’est pas une vaste blague du labo ! Non…c’est sérieux ! En plus, nous n’avons pas qu’un compteur chacun, car il faut différencier : les femelles éléphants de mer, les Pachas des harems, les mâles périphériques, les Papous sur œuf, ceux sur poussins, le nombre total de papou de la colonie, et enfin les poussins en crèche…Ouuff !

Plage estivale bondée...comme en méditerranée l'été !

Le comptage !

Sur la route, nous assistons à quelques batailles entre Pachas pour la conquête des harems de femelles

C’est parti, les compteurs crépitent furieusement toute la journée jusqu’à la tombée de la nuit, au rythmes des passages de grains (neige roulée dure) et de belles éclaircies. Malheureusement, et malgré un départ aux aurores, nous n’arrivons pas à Ratmanoff avant la nuit. On décide donc de rentrer à la cabane de guetteur. On y retrouve avec joie Pacha (Guillaume) et Bonbon (Adrien), 2 stagiaires du labo de Chizé travaillant sur les éléphants. Ils sont tous les 2 arrivés en août à l’OP2 et repartis à l’OP3 dernière. Ils nous ont réservés un accueil de rois !

Pacha. C'est la trompe gonflée des mâles en période de reproduction qui leur a valu
le nom d'éléphant de mer. Elle lui sert de caisse de résonance lorsqu'il éructe

Le lendemain, nous restons à Ratmanoff pour terminer le boulot. On se repose un peu et on a l’occasion de découvrir le travail de Pacha et Bonbon à Rat. Ils suivent plusieurs harems qu’ils dénombrent chaque jour. Ils marquent des bonbons (jeunes éléphants) à la naissance, pour les suivre jusqu’au sevrage 3 semaines plus tard. Les bonbons font environ 30 à 40 kg à la naissance. Au sevrage, ils sont 3 fois plus lourds ! Une des croissances les plus rapides dans le règne animal ! Lorsqu’on les quitte le lendemain matin, ils s’apprêtaient à poser des balises sur les femelles avant leur départ en mer…

Femelle et son petit, le bonbon. Ils sont nommés ainsi car les orques raffolent
de ces petites boules de graisse plutôt naïves
...une vraie friandise pour eux !

Un harem proche de Ratmanoff

En octobre, on retrouve les manchots royaux qui commencent à rentrer à terre pour muer. Ceux dont le poussin a survécu à l'hiver mueront en début d'année prochaine, une fois que leur poussin sera apte à se débrouiller seul.

Etape 5 : Ratmanoff – Morne

A l'aube, nous partons compter et les royaux partent pêcher

Il faut déjà quitter nos hôtes. Mathieu et Pierrick file baguer les quelques Albatros dans les terres pendant que Lise et moi s’attaquons aux colonies de Papou du sud Ratmanoff. Tôt le matin, le temps est gris, plafond bas, mais il n’y a pas un pète de vent ! Cela ne pouvait annoncer qu’une tempête que nous avons eu dès le milieu de la matinée et jusqu’à la fin de journée. Vents violents d’Est avec neige fondue. Même la meilleure des Goretex n’y résiste pas ! Nous arrivons donc à cabane trempé avec une couche de neige collée sur tout le côté gauche. Dur mais mémorable !

Une autre photo du levée de soleil à Ratmanoff, on ne s'en lasse pas !

Etape 6 : Morne – Pte Suzanne

Nos manipeurs émérites nous quittent. Ils rentrent à PAF. Pierrick et moi poussons jusqu’à Pte Suzanne. Etape longue. Il faut faire le tour de la baie Norvégienne. Encore une fois nous arrivons à la nuit, mais cette fois, tous les comptages sont faits ! Le rythme est simple : arrivée à 20h, 20h30 le plat de pâte est englouti, 20h40 au lit, le réveil programmé à 4h00 le lendemain matin.

Manchots papou. Contrairement aux royaux, ils pondent jusqu''à 2 oeufs et couvent couchés

A la mi octobre, la plupart des poussins de papou sont nés

Rencontre peu banale, un manchot papou mélanique (=noir). Particulièrement élégant non ?

Etape 7 : Pte Suzanne – PAF

Enfin, le beau temps est de retour pour la fin. Nous rentrons à PAF tout en comptant les nombreux éléphants de mer sur l’Isthme bas. Quelques colonies de Papou restantes, et nous arrivons à PAF, le soir, à l’heure pour l’apéro ! Il nous faudra une bonne nuit pour récupérer de la fatigue accumulée !

Pacha ayant gagné son combat. Leur cou sont souvent bardés de cicatrices anciennes et récentes, stigmates de combats acharnés

Les droits du vainqueur...mais toujours un oeil sur les mâles périphériques prêts à lui voler ses privilèges.

Etape 8 : PAF – Pte Molloy

Dernière étape sympathique sous un temps magnifique. Anne-Claire (Bibou) et Audrey (Geophy) nous accompagnent. On a même la chance d’être récupéré à Molloy par le chaland. Sur le retour, un groupe de plus de 80 dauphins de Commerson nous suivent ! Spectacle magique que de les voir jouer dans les vagues du chaland ! Voici quelques échantillons à vous faire partager :

Bilan de cette manip de la mort : fatiguant et un peu frustrant car peu de temps pour s’arrêter et observer. Nous avons donc fait en 8 jours quelques 250 km, compté 45 000 éléphants de mer et 55 colonies de Manchots Papou (10 000 individus) et bagué près de 200 jeunes Albatros Hurleurs.

lundi 22 novembre 2010

Port Couvreux (POC)

Voici un des sites visité par le VAT popchat. Je vous avais déjà décris son travail lors de notre séjour à Port Jeanne D’Arc, je ne vais donc pas vous en reparler. Parlons plutôt du site qui a un passé important à Kerguelen.

La dream team, Pierrick, Clément et Léo, en route vers Port Couvreux

Dans le cadre de la réimplantation de la souveraineté française aux îles Kerguelen à la fin du XIXe siècle, la France accorde en 1893 la concession des îles pour 50 ans aux frères Bossière. René et Henry auront à charge d’y implanter des installations pour mener à bien leur projet d’exploitation des îles. C’est donc grâce à eux qu’arrivent en 1908, les Norvégiens à Port Jeanne D’Arc.

Parallèlement, les frères Bossière sont séduits par ce qu’ils ont vu de l’élevage du mouton dans les îles Falkland (= Malouines) et en Uruguay. Ils décident alors de tenter l’élevage de moutons à Kerguelen. Port Couvreux, à l’Est de la presqu’île Bouquet de la Grye (au centre de Kerguelen), est choisi comme site d’implantation. Dès 1913, l’aventure de Port Couvreux démarre. Elle sera quelque peu mouvementée ! En effet, un petit nombre de mouton survivra à la traversée, et la déclaration de la première guerre mondiale mettra fin à leur projet. Cinq ans plus tard, en 1920, les bergers découvrent que le troupeau n’a pas survécu. Un nouveau cheptel est envoyé à Kerguelen. A partir de 1927 et jusqu’en 1930, plusieurs bergers et parfois même leur femme, occuperont les lieux. Quelques accidents endeuilleront aussi Port Couvreux et il faut se rendre à l’évidence que l’élevage à Kerguelen est rendu difficile par le climat et le manque de moyens logistiques. En 1930, la terrible épidémie de béribéri qui sévira dans la conserverie de langoustes des frères Bossière sur l’ile St Paul, sonnera la fin de « l’ère Bossière » dans les terres australes françaises. Les derniers bergers de Port Couvreux sont embarqués en catastrophe par le navire qui part porter secours d'urgence au personnel de l'île. Le scandale qui s'en suivra, ainsi que les difficultés financières, mettra fin aux activités des frères Bossière. Les Iles Kerguelen sont à nouveau désertées.

Aujourd'hui, la cabane existe toujours, enfermée dans un coffrage de tolles pour "préservée" cette cabane historique. Nous logions donc dans une cabane incrustée entre 2 bâtiments, sur l'ancienne terrasse. De nombreux piquets de clotûres jonchent encore le terrain, reliques des anciens parcs à mouton. Sur la plage, on trouve une chaudière ayant servie à fondre du lard d'éléphant de mer, ainsi qu'une "presse à manchot", véritable engin de torture d'une époque pas si lointaine... Tout ceci servaient aux habitants de Port Couvreux pour faire leur huile d'éclairage.

La cabane de POC, avant le coffrage

Port Couvreux

La presse à Manchots

Une doris, relique des anciens habitants de POC

L'environnement de la presqu'île de Grye est particulier. Alors qu'on trouve beaucoup d'Aceana et d'Azorelle à l'Est, ici, les Bryophites sont reines ! Vertes foncées, vertes claires, argentées, il y en a pour tous les goûts. Voici quelques photos :

L'accès à presqu'île est long, 11 h de marche depuis Port Raymond dans l'Anse de St Malo. Ce qui est le plus frustrant, c'est qu'une fois arrivés à l'Anse sabloneuse (à 4h de Port Raymond), on peut aperçevoir Port Couvreux juste en face. Seul moyen d'y accéder, faire le tour (7 h de marche). Etant donné la durée du jour à cette période, une étape à Port Gazelle s'impose.

Anse sablonneuse

Camping à Gazelle

Les Rennes nous rendent visite le soir

A la fin du séjour, une fois le travail terminée, Clément, Pierrick et moi partont pour le mont de Vigie. Vue imprenable sur le Golfe des Baleiniers au nord de la presqu'île de Grye.

Le sommet du mont de la Vigie (335 m)

La baie Irlandaise

Retour vers la civilisation PAFienne diifcile, tempête de neige de face sur la moitié du transit ! C'est ça Kerguélen !