Tout d’abord, je vous souhaite à tous et toutes une très bonne nouvelle année ! Merci aussi à tous ceux qui m’ont envoyé leurs vœux !
Mon voyage ici touche presque à sa fin. Plus que 2 mois avant l’OP1 de mi-mars. Avec la campagne d’été, l’arrivée de Kévin et Thomas nos remplaçants, nous ne chaumons pas ! Ceci explique mes messages moins nombreux ! Désolé !
Pour finir notre hivernage, Pierrick et moi souhaitions faire une petite manip « loisir » afin de découvrir une autre partie de Kerguelen qu’il ne nous est pas donné de connaitre dans le cadre professionnel. Nous avons eu la chance de partir randonner pendant une semaine sur le Massif Gallieni. Il se situe au sud de l’île, sous le plateau central. C’est le massif qui héberge le point culminant de Kerguelen : le Mont Ross et ses 1850m d’altitude. Bien entendu, pas question de gravir cette montagne réservée aux alpinistes chevronnés. Elle n’a d’ailleurs été gravie que deux fois, la première dans les années 70, et la seconde en 2002. L’altitude peut semblée faible pour une « référence » métropolitaine, mais les conditions insulaires et climatiques du subantarctique en font une montagne bien plus difficile à gravir qu’un 4000m Alpin !
Jean-Baptiste, le nouveau médecin de la 61e mission nous a accompagné pendant cette semaine. Voici un petit récit de notre périple :
7 janvier :
Grosse journée de chaland. Denis et Gilles, respectivement Bosco et Mécano de l’Aventure II, nous mène au travers du Golfe du Morbihan pour déposer ou récupérer toutes les personnes dans les îles. En milieu d’après-midi, nous sommes déposés à Armor, au sud-est du Golfe. Le temps est froid pour la saison, et la neige tombe par averse. Nous prenons directement le chemin de Puy St Théodule, au nord de la grande vallée de la Clarée et du Massif Gallieni. Nous logerons le soir dans la caverne du Puy.
Espace étroit où on ne peut vivre que plié en 2 en gardant son bonnet pour éviter les accrocs de la voute ! "Ploc, Ploc" ,quelques gouttes d’eau tombent sur nos duvets lorsque nous nous apprêtons à dormir après un rapide repas. Demain, grosse journée ! Nous irons de l’autre côté du massif, à Baie Larose…
8 janvier :
6 heures, le vent souffle à 30 nœuds, et des fronts neigeux passent régulièrement. On rassemble notre courage pour partir… Sur le fait, et surtout dans ces conditions, on se demande ce qu’on fiche là ! Mais bon, 5 minutes après être partis, nous arrivons sur la rive gauche de la Clarée. Pas moyen de la traversée en gardant les pieds au sec… une seule solution, traverser sans chaussure ni pantalon !
Bon, nous avions tout de même emprunté des chaussons néoprènes aux marins…On était tellement bien chaussé que nous avons même marché comme ça jusqu’à la rivière des Galets.
Une fois les 2 grosses rivières traversées, nous longeons la rivière des Galets vers le Val Senestre
Nous ne nous sommes rhabillés qu’une fois cette dernière traversée. Nous avons ensuite contourné le Mont Grandidier par le nord puis cap au sud-ouest par le Val Senestre (mince, le vent vient justement du sud-Ouest !). Les fronts neigeux se succèdent, et nous pataugeons dans les souilles du Val Senestre en direction de la Table de Boisguehenneuc.
Il nous faut passer par le sud de cette imposante table, par le col de la Déserte, pour atteindre la plaine de Dante et Baie Larose. Le spectacle est alors superbe. Nous apercevons au loin vers l’ouest, la Péninsule Rallier du Baty, au nord-ouest, le Fjord Larose devant la Grande Barrière.
Arrivée sur Baie Larose. En arrière plan, Rallier du Baty
Vue sur le nord du Fjord Larose, et la Grande Barrière
Ce paysage montagneux nous donne d’impression à Pierrick et moi de ne pas être sur la même île ! Après 11 heures de marche, nous arrivons à Baie Larose, vallée splendide ou nous retrouvons des manchots royaux et des éléphants de mer en mues. Nous aperçevons aussi au sud, le fameux doigt de St Anne…pour demain, d’abord dodo !Vue sur le nord du Fjord Larose, et la Grande Barrière
9 janvier :
Impossible de venir à Baie Larose sans profiter d’au minimum une journée sur place. Une bonne heure est nécessaire pour rejoindre le doigt de St Anne et découvrir la colonie de Manchot royal (env. 30000 couples) nichée sur le côté sud de son pied. Spectacle superbe que d’observer cette colonie d’un point haut !
Malheureusement, le Ross reste dans les nuages, et les grains continuent de passer. Nous essayons quand même de convaincre JB que de temps en temps, enfin normalement, bref ça arrive qu’il y ait de très belle journée à Ker…
10 janvier :
On remet les sacs à dos de 25kg sur dos, et nous quittons cet endroit fabuleux pour revenir vers l’est dans la vallée Olsen. La route nous refait passer par le col de la déserte, mais cette fois nous obliquons vers l’est pour passer au sud du Grandidier. Les grains de neiges sont moins nombreux et la température remonte un peu, nous passons dans un flux d’ouest. La nuit en tente sera moins fraiche !
11 janvier :
Ah !! Enfin, et malgré une couverture nuageuse toujours présente, les Ross se dégagent ! Le vent dans la vallée n’est pas trop fort, nous décidons de monter sur la Pyramide Branca (905m). 3 heures après, nous voici en haut, température en dessous de 0°C, et un vent à décorner les Rennes ! La vue est tout de même imprenable sur le massif, le golfe du Morbihan et la Baie des Swains (à l’est). Nous passons une bonne heure au sommet, juste assez de temps pour pas se transformer en glaçon, et nous redescendons vers le campement.
Les prévisions météo données à la Vacation radio du soir nous annoncent une tempête dans la nuit et la matinée avec des vents à 50 nœuds…On se replie donc dans le caverne de St Théodule au lieu d’aller camper au pied du Piton Central, sur le site de bivouac du GMHM (Groupement Militaire de Haute Montagne) lorsqu’ils ont fait l’ascension des Ross en 2002.
Petit moment d'observation de la flore dans la vallée Olsen, ici du Blechnum
(fougère autochtone des TAAF)
(fougère autochtone des TAAF)
12 janvier :
Bon en fait, la tempête n’a pas vraiment eu lieu. Le vent est tout de même assez fort. Nous prenons la route d’Armor, tout en faisant un créneau au Volcan du Diable (315m). Terre noire, roche volcanique, et point de vue superbe du le golfe du Morbihan. Nous redécouvrons d’en haut, les îles que l’on a tant vu au ras de l’eau pendant plus d’un an d’hivernage…sympa !
A Armor, nous retrouvons une équipe Ecobio : Mathieu (Popmouche ou Mouchecaca pour les intimes) est thésard à l’INRA de Rennes. Il travaille sur les espèces d’insectes introduits à Kerguelen. Françoise, la nouvelle VAT Ecobio de la 61e. Et Pascal, Technicien Telecom au BCR. Soirée fort sympathique même si les carabes crus ou cuits au beurre, c’est pas top Mathieu !
13 janvier :
Pascal est récupéré par le chaland, JB aussi doit nous quitter car une urgence l’appelle sur base. Pierrick et moi accompagnons Mathieu et Françoise vers Bossière pour réaliser des prélèvements de Merisodius (Carabe introduit). La cabane Bossière se situe au Nord d’Armor, toujours sur la grande terre, le long du Fjord Henri Bossière. La journée est splendide et le paysage, typique du plateau central.
14 janvier :
Retour à la base d’Armor. J’emploie volontairement le terme base car ce site a été dans les années 80, la 2e base de Kerguelen. C’est à cet endroit que l’élevage de Saumon a été tenté avec succès. L’isolement de Ker n’a cependant pas permis à cet élevage de prospérer. Il reste aujourd’hui des installations vides, qui sont en passes d’être retirées par la Réserve Naturelle des TAAF.
A 13h, nous entendons le bruit caractéristique de l’Aventure II et la voix de Denis dans la VHF (Talkie-walkie) résonne : « Armor Armor pour l’Aventure….nous arrivons sur vous dans 15 min….tenez vous prêts » Fin du périple, nous rentrons sur base avec des images plein la tête ! Un grand merci à Marc, le Disker de la 61e mission, de nous avoir permis de faire cette manip !
La balade de reve, je vous envi ;)
RépondreSupprimerBravo Alexis pour ce périple et merci de nous le faire partager. C'est passionnant et les paysages sont de toute beauté. Bonne année 2011.
RépondreSupprimerUn peu tard pour les voeux...
RépondreSupprimerQu'importe !
Je tiens à te remercier, Alexis, tout comme je peux remercier Pierrick, Lienor et bien sûr Clément pour cette aventure passée avec vous tout au long de l'année.
Kerguelen est aujourd'hui pour moi bien plus qu'un voyage, bien plus qu'une île ou un archipel. Certainement pas une destination touristique.
A quand mon voyage pour étudier la faune et la flore ??
Bonne fin de séjour et continue de nous fait rêver avec tes textes et tes photos.
Thierry, biologiste.
Et vive la 60ème !